Par: Camille Montreuil

Les contraintes associées à la COVID-19 ont bouleversé les façons de faire en participation publique.

Un an après le début de la pandémie au Québec, voici quelques défis qu’il faut relever afin de favoriser une participation publique inclusive et significative pour les gens qui s’y engagent.

Adapter nos démarches de participation publique dans un contexte de grands bouleversements

Les premières annonces de confinement ont mené au report des démarches de participation publique : au-delà des formules qui étaient à réinventer, il était fondamental de respecter le fait que le quotidien des individus et des communautés était chamboulé.

Douze mois plus tard, les bouleversements sont moins intenses, mais toujours présents : annonces de reconfinement, ajout ou retrait de contraintes sanitaires, variations dans la gravité de la situation, 2e vague, etc.

Dans ce contexte inédit et instable, comment déterminer si le moment est propice pour consulter? En revenant aux sources de la participation : en écoutant et en échangeant!

Chez Transfert, nous travaillons notamment à la coordination de comités de suivi avec le milieu. Lorsque ces comités se sont dotés d’un président ou une présidente, cette personne devient une interlocutrice tout indiquée pour échanger sur la marche à suivre. Dans d’autres cas, l’ensemble des membres ont été interpellés pour décider si le moment était le bon pour recommencer les consultations.

En parallèle, nous gardons l’œil ouvert sur les consultations en cours à l’échelle du Québec, afin d’apprendre des succès et des irritants.

Graffiti avec un masque et l'inscription Covid-19.

Assurer l’accessibilité des démarches de participation citoyenne

Il s’agit sans doute du premier défi ayant interpellé le monde de la participation au moment où il est devenu envisageable de reprendre les consultations.

Plusieurs questions devaient alors être soulevées lors de l’organisation des démarches :

  • Quelles sont les personnes susceptibles d’être exclues? Sur quels groupes le passage en virtuel a-t-il le plus d’impact?
  • Comment faire en sorte de faciliter au maximum la participation aux démarches numériques, peu importe les outils disponibles à la maison, ou l’aisance des gens?
  • Comment inclure les gens qui n’ont pas accès à des ordinateurs, à une connexion Internet, ou à des appareils mobiles?
  • Dans tous les cas, comment faire en sorte que la participation reste satisfaisante?

Durant nos consultations virtuelles, nous avons développé une approche visant à accompagner au maximum les individus qui participaient à nos rencontres virtuelles : guides de connexion, instructions fournies systématiquement en début de rencontre, soutien technique avant et pendant les rencontres, etc.

Aujourd’hui, nous constatons une aisance générale accrue avec les outils numériques, mais ce défi reste d’actualité : il est primordial de maintenir un accompagnement afin de ne pas accroitre davantage les inégalités entre ceux et celles qui sont à l’aise, ou non, avec les outils numériques.

Un homme âgé utilisant un ordinateur.

Maintenir une mobilisation et une participation aux démarches en ligne

Alors que la pandémie et la vie numérique sont progressivement devenues la nouvelle normalité, la participation aux démarches de participation publique a fluctué. Certaines personnes habituellement très impliquées ont cessé de participer aux consultations. Dans d’autres démarches, les taux de participation sont restés stables, voire supérieurs à ceux qu’on voyait en personne.

Il est encore tôt pour aller au-delà du cas par cas et dresser des constats généraux sur l’impact de la transition vers le numérique sur la participation – d’autant plus que le tout se déroule dans un contexte mondial particulier.

Plusieurs hypothèses expliquent la baisse dans les taux de participation :

  • Un manque d’aisance ou d’intérêt envers les outils numériques?
  • Une volonté de réduire le temps d’écran, dans un contexte de télétravail et, parfois, d’école à la maison?
  • Une difficulté accrue à se libérer, en raison des défis posés par la situation de pandémie (conciliation travail/famille, etc.)?

Dans toutes nos démarches de participation publiques numériques, des efforts sont déployés pour mieux comprendre ces freins et les réduire de manière créative.

Une femme et un bébé devant un ordinateur.

Compenser la perte de l’aspect social des rencontres en personne

On le constate plus que jamais, les rencontres de consultation publique ont une dimension très sociale.

Elles permettent les rencontres et les échanges informels entre les gens de la communauté, mais également avec les organisations ou entreprises à l’origine des consultations. De ce fait, elles favorisent la compréhension mutuelle et la création de relations. Pour certaines personnes, l’aisance à s’exprimer s’en trouve accrue.

La perte de cette dimension pourrait contribuer au désintérêt de certaines personnes. On note par exemple un désir de certaines personnes à se connecter avant le début des réunions virtuelles, pour pouvoir échanger de façon plus informelle.

Bien qu’imparfaites, il existe des approches pour favoriser le caractère convivial et social des rencontres virtuelles. Devant l’incertitude liée au moment de la reprise des rencontres en personne, et sachant que des rencontres virtuelles pourraient continuer à se tenir ensuite, il est primordial de renforcer les pratiques à cet effet.

Un homme assis devant son ordinateur regarde par la fenêtre.

Que peut-on envisager pour la suite des choses?

 La pandémie de COVID-19 aura fait évoluer durablement la pratique de la participation publique.

Malgré leurs défis spécifiques, les approches virtuelles ont véritablement des avantages, y compris de faciliter la participation de certaines personnes. Les derniers mois nous ont permis d’approfondir notre compréhension de leur complémentarité avec les approches en personne, et nous ont forcés à innover pour mieux tenir compte de leurs particularités et pallier leurs limites.

Ainsi, même s’il est permis d’envisager un retour des consultations en personne dans les prochains mois, il reste essentiel de travailler à mieux comprendre comment les mettre à profit.