Par: Alexandra Boileau

Lorsqu’une crise de l’ampleur de celle que nous vivons actuellement survient, inévitablement, on se remet en question. Quand les interventions pour contrer la contagion se sont accélérées, je me suis dit que la participation publique, ce n’était pas trop essentiel et que c’était loin d’être la priorité.

Mais depuis le 24 mars, tout ce que je fais, j’entends, je vois, je constate est teinté de la participation publique et des grands principes qui guident habituellement mes actions et conseils en temps non pandémique. Et ce, tant au niveau personnel que professionnel.

Une communication simple, factuelle et transparente

Avec mes enfants, nous avons pris le temps nécessaire pour bien leur expliquer ce qui arrivait, les risques possibles, les conséquences du virus sur leur petite vie routinière, etc. Il a fallu adresser des inquiétudes en exposant les faits réels, mais en adaptant la discussion à ce petit public.

Cette communication basée sur les faits et les données, personne n’a le luxe de s’en passer en ces temps. Les gouvernements, les entreprises, les employeurs, les employés, les familles. La situation est déjà déroutante, qu’est-ce que ce serait si les politiciens, les autorités et les dirigeants ne partageaient pas les données et étaient opaques au niveau de l’information?

Il en va de même en participation publique, il importe de donner l’heure juste. De se faire entendre et comprendre. De transmettre des informations vulgarisées, accessibles, fondées et mises à jour. Ce qui ne signifie pas d’éviter des sujets très techniques ou pointus, mais il faut le faire avec une approche graduelle et sensée.

Une connexion avec le terrain et une écoute véritable

En tant que maman qui s’est improvisée enseignante pour « faire l’école à la maison », j’ai rapidement compris la nécessité de revoir les objectifs et d’innover! Cela m’a obligé à me reconnecter aux besoins et attentes de mes enfants, à les écouter et à choisir avec eux les priorités.

Parler, annoncer, discourir, décider, sans avoir une conscience profonde de ce qui se passe dans son milieu, est bien peu efficace ou pertinent. Plusieurs chantiers imposés par la Covid-19 en santé (demande de renfort des retraités du secteur de la santé, redistribution des tâches et des lieux de travail, etc.) en économie (prestations d’urgence, subventions salariales, etc.) ou autre le prouvent à titre de réussites ou d’échecs. Une mesure annoncée peut paraître simple et efficace de prime abord, mais sur le terrain, la mise en application est variable et provoque des chaines de réactions diverses. Il faut que les bottines suivent les babines, et ce, même si les babines appartiennent à l’un et les bottines à l’autre!

Au-delà d’observer son milieu et d’avoir conscience de ce qui se passe, encore faut-il écouter. Écouter réellement, avec l’intention de récupérer les précieux témoignages et partages et en tenir compte pour planifier les explications, se remettre en question, planifier des projets, etc. C’est un fondement dans tout exercice de consultation.

Des engagements honnêtes qui se concrétisent

À mon échelle micro, la gestion du cocon familial doit être imprégnée de cette honnêteté et de réalisations concrètes. Comme seuls intervenants non virtuels auprès de nos enfants en cette période de confinement, les parents qui font des promesses qu’ils ne peuvent pas tenir s’en mordent rapidement les doigts. Ça aussi, c’est de la gestion de crise!

Les gouvernements sont devant la même réalité à l’heure actuelle. Ils ne doivent pas créer d’attentes ou de faux espoirs. En prenant des engagements à la hauteur de ses capacités (en temps, en argent, en pouvoir, en savoir-faire, etc.), il est difficile de se tromper.

Mieux vaut prendre des engagements sur des petites choses et les réaliser que promettre de grandes choses qui n’arrivent jamais. En participation publique, l’intégration des propositions de la communauté par un promoteur de projet par exemple est la meilleure preuve d’une réelle volonté d’impliquer les parties prenantes. Comme participant à une démarche collaborative, on s’attend à voir nos idées et suggestions prendre forme concrètement. C’est le résultat d’une démarche significative et durable.

Une démarche en continu

À la maison, depuis que l’école et la garderie ont fermé leurs portes, les nouvelles habitudes qui se sont le mieux implantées sont celles qui ont été maintenues plusieurs jours d’affilée et qui le sont encore à ce jour.

Avec l’échantillon de clients avec lesquels je suis en contact, je constate que toutes les entreprises qui avaient déjà à cœur le respect des trois premiers principes et qui s’efforcent de les utiliser de façon quotidienne depuis déjà quelques années naviguent habilement à travers la crise actuelle. Avec des canaux d’échanges déjà bien établis et récurrents et une volonté toujours renouvelée d’aller vers les gens qui sont touchés par une situation, un projet, une politique, la gestion d’une crise est facilitée.

En participation publique, quand une relation est entamée, il faut la conserver. Il faut que les efforts d’écoute, de partage, de sensibilisation, d’information, de collaboration, de rétroaction soient présents et perdurent.

Je ne sais pas encore entièrement de quoi sera constitué mon travail après la crise, mais j’ai la certitude qu’il continuera d’être guidé par ces quatre grands principes.